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Vers une stratégie de conservation du Massif du Grand Bénare

Flore
Dans le cadre du projet intégré de conservation et de restauration des milieux naturels, le groupe de travail « Diagnostic, priorisation et programmation des actions de restauration » sur le massif du Grand Bénare s’est réuni le 13 mai dernier. Une vingtaine de participants issus du Parc national, de l'Office national des forêts (ONF), du Département, du CIRAD, de la Région, La Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DEAL) et du Conservatoire Botanique National de Mascarin (CBNM) se sont donc regroupés pour réfléchir à une stratégie de conservation du massif.
Depuis le Grand Bénare, vue sur la Roche Écrite, Mafate et le Piton des Neiges
Depuis le Grand Bénare, vue sur la Roche Écrite, Mafate et le Piton des Neiges © M. Caubit - Parc national de La Réunion

Une importante campagne de terrain visant à établir le diagnostic d’invasion du massif du Grand Bénare (ou massif des Bénares) a été réalisée en 2022, et les inventaires ont été complétés par une campagne de télédétection de l'ajonc d'Europe.

L'analyse des résultats a montré que ce massif est en bon état de conservation et déterminé qu'il constitue une priorité à l'échelle de l'île.

Carte du degré d'invasion du massif des Bénares et carte des enjeux de conservation sur la zone
Carte du degré d'invasion du massif des Bénares et carte des enjeux de conservation sur la zone © Parc national de la Réunion - CIRAD

Margot Caubit, Chargée d'étude des espèces cibles pour la lutte, explique ainsi le lien entre état de conservation du massif et priorisation des actions de lutte dans le cadre du projet intégré :

Tout est question de choix et de priorités ; notre travail ici priorise la lutte dans les zones préservées. C'est le fruit du Groupe de Travail et des étapes de priorisation.

Dans les endroits bien préservés, on a "plus" de chance de "réussir" les actions de lutte – et donc de préserver le milieu – plutôt que de lutter dans un endroit envahi ; donc on optimise nos efforts.

 De plus, à l’échelle de l'île, le Grand Bénare est l'un des massifs les mieux préservés, caractéristique d'une végétation altimontaine unique, il est donc important de le protéger.

Cependant, l'invasion du Massif du Grand Bénare par l'ajonc d'Europe, espèce exotique envahissante, qui gagne la planèze notamment par le nord du massif reste préoccupante, ainsi que l'invasion de la strate herbacée par la chicorée péi, la flouve, la marguerite folle, etc.

En parallèle, afin d’aider à prioriser les actions de lutte contre les plantes exotiques envahissantes sur le massif, le CIRAD a  produit une cartographie des enjeux de conservation (cf. Carte 2, ci-dessus) qui compile des données de biodiversité et de menaces ; les zones à forts enjeux de conservation sont ainsi prioritaires pour la préservation du massif.

Suite à la présentation de ces résultats, deux ateliers ont permis de :

1- définir et prioriser les objectifs de restauration, et

2- lister les actions prioritaires pour réaliser chacun de ces objectifs.

Ainsi, les 4 principaux objectifs identifiés lors de l'atelier 1 sont les suivants :

  • Intensifier les efforts de lutte contre l’Ajonc d’Europe
  • Préserver les zones intactes
  • Mettre en place des actions de biosécurité
  • Prévenir et gérer la menace incendie

Suite à ce travail, l’enjeu sera, lors d'un prochain échange partenarial, de repréciser et programmer les actions à mettre en œuvre sur le massif. L’intégration des différents partenaires dans cette démarche co-construite permet la mise en place d’une stratégie de gestion cohérente à l’échelle du massif.

Projet intégré de conservation et de restauration des milieux naturels

Le projet intégré de conservation et de restauration des milieux naturels répond à l’un des quatre enjeux de la charte du Parc national de La Réunion : inverser la perte à la biodiversité sur le territoire réunionnais, dont la principale menace correspond aux espèces exotiques envahissantes végétales. Cette menace a aussi été mise en évidence lors de la dégradation de la note du patrimoine mondiale de l’UNESCO par l’UICN en 2017, illustrant un manque de moyens pour lutter contre cette menace et une gouvernance insuffisamment fonctionnelle. Dès lors, un groupe de travail incluant plusieurs acteurs – l'Etat, le Département, l'Office national des Forêts (ONF), le Parc national de La Réunion, le Cirad, l'Université et le Conservatoire botanique de Mascarin (CBNM) – a été mis en place et a permis la mise à jour de la connaissance de l'état de conservation des milieux naturels au regard de l'invasion par les espèces végétales, et de débuter la réflexion partenariale pour une stratégie de restauration.

A partir de cet état des lieux, le projet intégré vise à changer de paradigme, c'est à dire de passer de la lutte contre les espèces invasives à la restauration de la fonctionnalité des habitats, mais aussi d'opérer un changement d'échelles par la prise en compte de 6 000 ha de territoires prioritaires contre les 600 actuellement, mais aussi de tenir compte de l'ensemble du territoire réunionnais avec une démarche portée sur les interfaces.

Ce projet a pour objectif de co-construire avec nos partenaires (Département, Région, Etat, ONF, Cirad et CBNM) une stratégie visant sur le long terme, à conserver les milieux les plus préservés et à restaurer la fonctionnalité des milieux les plus dégradés. Pour ce faire, il a l'ambition de couvrir l'ensemble des domaines, depuis les actions de diagnostic jusqu'à la construction des programmes d'intervention dans les milieux naturels comme dans les zones d'interfaces.

La mise en pratique de ce projet intégré est actuellement réalisée par la cellule Recherche & Développement (R&D) ReMiNat (Restauration des Milieux Naturels) financée par des fonds vert à hauteur de 4,5 millions d'euros pour la période 2023-2028 dont les trois co-porteurs sont le CIRAD, l'Université et le Parc national de la Réunion et associant 2 bénéficiaires que sont le CBNM et l'Armeflhor.