A la faveur d'une boucle de découverte, une quinzaine de participants des Rendez-vous natures organisés le 17 octobre à Saint-Philippe ont pu évoluer avec ravissement dans la forêt de Mare-Longue, guidés par le chant mélodieux du tec-tec et du chakouat. Sans oublier la voix des accompagnateurs du Parc national qui ont su partager avec un public curieux de tous âges une mine d'informations sur l'histoire, la géologie, la faune et la flore, propres à ce milieu spécifique.
Nous y aurons appris que Mare-Longue, l'un des derniers vestiges de forêt tropicale humide primaire de basse altitude, est grandement menacée. Impensable pour le promeneur non averti qui voit d'immenses et somptueux spécimens endémiques s'élever en direction du ciel, tandis que mousses et fougères tapissent le sol.
Pourtant, au contact de Jean-Bernard et Fabien, les visiteurs attentionnés ont appris que les apparences peuvent être trompeuses.
Les agents du Parc national de La Réunion ont ainsi expliqué que si les grands arbres caractéristiques de la flore endémique ou indigène réunionnaise semblaient nombreux, bois de pomme, bois de fer, bois de rempart, nattes, notamment, leur descendance n'était pas assurée.
La régénération naturelle des espèces endémiques se fait lentement alors que les menaces, elles, abondent.
Les Espèces Exotiques Envahissantes (EEE) sont comme souvent l'une des plus grandes menaces qui pèsent sur cette forêt de Bois de couleur des Bas.
Espèces endémiques, espèces indigènes et espèces exotiques co-existent en effet à Mare-Longue. Si le plant de cardamome présenté en photographie ci-contre ne fait pas partie des espèces originellement présentes dans la forêt mais est issu de plantation, cet écrin de verdure subit, en particulier, la pression d'une autre espèce exotique particulièrement préoccupante : le jamrose.
Cette espèce tenace se multiplie à un rythme effréné comparativement aux espèces endémiques et menace de remplacer la forêt primaire telle que nous la connaissons actuellement.
En se frottant rigoureusement les pieds à l'entrée et à la sortie du sentier, dans la station de biosécurité prévue à cet effet, le promeneur limite la propagation d'espèces envahissantes, à son échelle, mais d'autres actions sont testées pour éviter de perdre ce joyau du patrimoine naturel. C'est l'objectif du programme RENFOBIODIV.
Le projet de renforcement de la biodiversité RENFOBIODIV
L’épineux problème des plantes exotiques envahissantes est une préoccupation mondiale des experts de la biodiversité.
Chaque espace géographique est menacé par des espèces exotiques qui se reproduisent bien plus vite que la flore endémique et menace de la supplanter.
Sur la forêt de Mare-Longue, le jamrosat sévit en bordure sur plusieurs parcelles et un grand travail de défrichage est entrepris pour endiguer la progression de ce végétal exotique au profit de la réintroduction d’espèces endémiques, dans le cadre du projet Renfobiodiv.
Ainsi, depuis mars 2023, les agents du Parc national replantent bois de chandelle, change-écorce, bois maigre et autres espèces végétales indigènes dans ce programme expérimental de lutte et de renforcement de la biodiversité sur une parcelle de Mare-Longue envahie, en lisière du cœur du Parc national.