Bien que distants de près de 4000 km, les parcs nationaux du Table Mountain et de La Réunion font face à des défis similaires liés à des environnements et des espèces invasives comparables. Ces problématiques communes ont permis la mise en place d’un partenariat international entre les établissements du South African National Parks (SANPARKS) et du Parc national de La Réunion.
Dans ce cadre, Laure-Anne Peyrat, coordinatrice de cette coopération à La Réunion s’est rendue pour la seconde fois en Afrique du Sud, accompagnée de Souzanah Chahiba, chargée de mission espèces exotiques envahissantes animales au Parc national de La Réunion.
Lors de cette mission, les équipes Faune de SANPARKS et du Parc national de La Réunion ont partagé leurs expertises respectives concernant les modalités et les moyens de lutte contre les espèces animales menaçant la biodiversité indigène. Sur place, elles ont notamment rencontré Megan Taplin, nouvellement nommée à la Direction du Table Mountain, et Augustine Morkel, le nouveau coordinateur de la coopération du côté SANPARKS. Plusieurs sessions de travail en groupe et des missions sur le terrain ont permis d’établir de futures actions concrètes applicables au sein des deux parcs.
Des félins menaçant l’avifaune locale
Alors que les chats harets* sont des prédateurs redoutables pour nos oiseaux endémiques en danger d’extinction, le Parc de Table Mountain rencontre une situation similaire avec d’autres félins. Certains s’attaquent en effet à la population de Manchot du Cap nichant sur le site de Boulders Beach, une espèce elle aussi en danger d’extinction. Tout comme nos pétrels et tuit-tuits, ces oiseaux sont également particulièrement vulnérables face aux attaques de félins.
Sur place, l’équipe de La Réunion a pu observer les moyens mis en place par SANPARKS pour contrer cette menace. Particulièrement méfiants et difficiles à approcher, les félins (dont les chats) doivent faire l’objet d’une lutte stratégique, associée à des moyens humains et matériels adaptés. De leur côté, les équipes sud-africaines se sont montrées particulièrement intéressées par les actions de sensibilisation des habitants et de stérilisation de chats menées à La Réunion.
Des caprins impactant les milieux naturels
Un autre sujet de convergence est lié à la présence de caprins exotiques introduits volontairement. A La Réunion, les cabris font l’objet d’une attention particulière dans certains milieux préservés. En Afrique du Sud, ce sont leurs cousins, les tahrs de l’Himalaya qui menacent les écosystèmes du Table Mountain. Dans les deux cas, leur présence impacte directement les sols, la végétation et plus globalement l’équilibre de milieux jusqu’ici préservés.
Sur ce sujet, le voyage a permis à l’équipe réunionnaise de développer ses connaissances concernant les méthodes de géolocalisation des individus et l’utilisation d’outils employés par les équipes sud-africaines pour préciser la menace et réduire les groupes de tahr. Ces techniques sont adaptées aux reliefs accidentés communs aux deux parcs (ravines, remparts…).
Perspectives de la coopération
Au-delà de la lutte contre la faune invasive, cette mission a également été l’occasion de découvrir les aménagements touristiques existants en Afrique du Sud (signalétique, table d’orientation, infrastructure…). Bien que les approches touristiques des deux territoires soient différentes, ces observations permettront d’alimenter de futures discussions autour des aménagements en cœur de parc. Par ailleurs, une nouvelle mission axée sur la flore envahissante et la restauration des habitats est prévue dans les prochains mois afin d’échanger sur cette problématique commune.
* Le chat haret, ou chat errant, est un chat domestique (petit félin de la sous-espèce Felis silvestris catus), retourné à l'état sauvage ou semi-sauvage
Cette coopération bénéficie du soutien de l’AFD qui finance le projet à travers les fonds FEXTE et FOM.